Le terme, ordre, accompagné d'un qualificatif, est utilisé pour qualifier un style d'architecture selon des caractéristiques de formes, de proportions et d'ornementations. Un ordre ne s'applique qu'à l'architecture grecque et romaine et leurs dérivées. Il est constitué par les éléments architecturaux qui constituent la façade d'un temple : - des colonnes
(ou de pilastres ), composées d'éventuellement une base , d'un fût et d'un chapiteau . La colonne est l'élément architectural primordial qui supporte le poids d'un bâtiment en transmettant par compression la poussée verticale d'une poutre, d'un arc, d'une dalle ; - un entablement
(architrave , frise , corniche à larmier ) qui est un élément structurel horizontal et rigide, qu'on peut appeler aussi poutre, et qui est soutenu par les colonnes ; il permet de relier les colonnes pour traverser l'espace, soutenir des planchers, des plafonds ; - un fronton triangulaire
(tympan : partie triangulaire centrale, corniches horizontales et rampantes qui bordent le fronton, cimaises ). C'est le mur pignon qui suit les pentes du toit et qui se positionne au-dessus du portique.
  Ci-dessus : représentation de la façade d'un temple dorique grec. Les colonnes n'ont pas de base et sont posées sur une estrade de 3 marches appelée crepidoma , la dernière marche, sur laquelle repose les colonnes, s'appellent stylobate , la première s'appelle stéréobate . Les ordres architecturaux classiques :Antiquité gréco-romaine :Antiquité grecque : Dans l'Antiquité grecque, les trois ordres grecs sont : l'ordre dorique, l'ordre ionique et l'ordre corinthien. Leur appellation correspond à leur localisation géographique d'origine : - dorique : colonies doriennes (région du Péloponnèse, îles de Cythère, Crête, Théra, Cos, Rhodes...) ; ancêtre fondateur : Doros
, fils d'Hellen - ionique : la région de Ionie entre Millet et Phocée (côte ouest de l'Asie mineure, face à la Grèce continentale) ; ancêtre fondateur : Ion
 - corinthien : cité grecque de Corinthe contrôlant l'isthme de Corinthe qui relie le Péloponnèse à la Grèce continentale. cette cité s'est opposée à Athènes.

- l'ordre dorique (période archaïque - VIe siècle av. J.-C.), est né dans le Péloponnèse puis se répand en Grande-Grèce (colonies grecques de l'Italie du sud et de Sicile). D'après Vitruve
(architecte romain (46-30 av. J.-C.), son invention serait attribuée à Doros , fils d'Hellen. Son style se remarque par sa simplicité, sa force et son aspect austère. La colonne est trapue : elle fait de 4 à 6 fois son diamètre de haut et s'apparente, d'après Vitruve, aux proportions du corps de l'homme, le diamètre étant la dimension d'un pied dorique (=31,5 à 32 cm), la hauteur totale celle d'un homme (6 x 0,32 = 1,92 m.). La colonne est sans base, directement posée sur le stylobate (= dernière marche du soubassement du temple). Son fût est composé de tambours et comporte 20 cannelures à arrêtes vives et son chapiteau est composé d'une échine sans décor surmontée d'une abaque de section carré. L'entablement est constitué d'une architrave simple, surmontée d'une frise composée d'une alternance de triglyphes (rainures verticales) et de métopes décorés de scénettes en bas-relief. Le tympan du fronton est sculpté en haut-relief. Exemple : le Parthénon d'Athènes - Grèce (temple d'ordre dorique -447 à -432 av. J.-C.)

- l'ordre ionique (période classique - apogée Ve siècle av. J.-C.). Originaire de Ionie (actuelle Turquie), cet ordre se retrouve surtout en Asie mineure, il a été peu usité en Grèce continentale.
Sa caractéristique principale est sa colonne. Selon la théorie d'Alberti, architecte italien de la Renaissance (1404-1472), elle reprendrait les proportions d'une femme grecque élancée et élégante : le chapiteau est composé, de face, de 2 volutes et 2 balustres horizontales sur les côtés, échine ornée d'oves , représente la coiffure ; le fût fin (8 à 9 diamètres de haut), orné de 24 cannelures à méplats, en constitue le corps ; la base est moulurée. L'entablement est composé de 3 bandes, au-dessus se trouve une frise souvent ornée de sculptures narratives en bas-relief ou peintes. Le fronton est sans sculpture. L'Érechthéion de l'Acropole d'Athènes en Grèce est un temple ionique (fin Ve siècle av. J.-C.). Sur la façade sud, les colonnes ioniques sont remplacées par des caryatides (=femmes de Caryes - nom d'une cité antique de Laconie (=région à la pointe du Péloponnèse)) dont les plis des vêtements substituent les cannelures.

- l'ordre corinthien (période hellénistique - Ve siècle av. J.-C.). La forme évasée du chapiteau et la décoration végétale apparaît en Égypte et en Assyrie (ancien empire au nord de la Mésopotamie - actuel Irak), avant d'évoluer en Grèce. Sa création, selon Vitruve, a été attribué au sculpteur Callimaque (432-408 av. J.-C.).
Cet ordre se caractérise par la richesse de son ornementation et son aspect élancé. La colonne à fût très mince mesure 10 diamètres de hauteur totale. Elle peut être lisse, si en marbre, ou cannelé (entre 20 à 32 cannelures), si en porphyre ou en granite. Sa base est moulurée. Le chapiteau, richement décoré, est formé d'une corbeille évasée dont les anses, en haut, sont en volutes et se confondent avec la décoration de feuilles d'acanthe répartie sur deux étages. Cet ordre est utilisé, à l'origine chez les Grecs à l'intérieur des bâtiments doriques et ioniques dans les parties secondaires. Il sera ensuite utilisé à part entière, notamment dans le temple de Zeus à Athènes - l'Olympéion (VIe siècle av. J.-C. à +131 ap. J.-C.).
 La hauteur de l'entablement des édifices corinthiens est le cinquième de la hauteur de la colonne. La colonne supporte l'architrave constituée de 3 bandes. Une frise à l'ornementation généralement luxuriante peut également exister. Les corniches sont ornementés de denticules, mutuelles, mordillons, rosettes... Antiquité romaine :Avant la conquête de la Grèce par les Romains, les constructeurs romains et étrusques utilisaient : - L'ordre toscan qui s'apparente et est contemporain de l'ordre dorique (VIIe siècle av. J.-C.). Cet ordre est originaire d'Étrurie (actuelle Toscane en Italie). Vitruve le désigne comme ordre étrusque
. Il ne reste plus aucuns édifices d'origine conçu d'après cet ordre. Nous sont parvenus des descriptions historiques de Vitruve , Vignole , Palladio ... pour décrire ce style plus simple et plus épuré. Ses principales caractéristiques sont l'absence d'ornement et sa ressemblance avec le style dorique mais avec un aspect en est plus galbé. Les colonnes font 7 diamètres de haut. Le fût est lisse. L'échine est plus ventrue. Les colonnes sont posées sur une base moulurée et peuvent être disposées sur un piédestal . Cet ordre a été ensuite transformé à la Renaissance italienne qui y a ajouté des bossages , quelquefois avec des effets vermiculés .
- L'architecture romaine antique va emprunter aux Grecs l'ordre corinthien et en privilégier l'utilisation dans la plupart de ses édifices. Exemple : Panthéon de Rome
- Italie (-27 à +125 est un temple d'ordre corinthien, dédié à toutes les divinités antiques, bâti sous l'ordre d'Agrippa et reconstruit sous Adrien. Le chapiteau corinthien y est utilisé à l'extérieur comme à l'intérieur, sur des colonnes et des pilastres.
- Les Romains inventent l'ordre composite : imaginé dès le Ier siècle ap. J.-C., il est très répandu au XVIe siècle. Il s'agit d'une combinaison des trois ordres grecs : dorique, ionique et corinthien. La colonne est constituée d'une base moulurée ionique, d'un fût dorique - cannelé ou lisse - et d'un chapiteau mixte : 4 volutes ioniques aux angles en haut, échine ornée d'oves et double rangée de feuilles d'acanthe corinthiennes dans la partie inférieure de la corbeille
. La colonne élancée mesure 10 diamètres de haut. Exemple : arc de Titus à Rome (+81 ap. J.-C. ).
- C'est plus particulièrement dans la distribution des ordres dans un édifice que les Romains se singularise des Grecs. Ils innovent en organisant une superposition des ordres - dorique ou toscan, ionique, corinthien et composite - par deux ou plusieurs ordres sur la façade de leur bâtiment. Ce type de disposition se retrouve notamment au Colisée de Rome
(+70 à +80 ap. J.-C.) où chacun des quatre niveaux est dédié à un ordre : Les colonnes des arcades se superposent sur trois niveaux - au rez de chaussée, l'ordre dorico-toscan, au 2e niveau, l'ordre ionique, au 3e niveau, l'ordre corinthien - et le tout est surmonté par un attique percé de fenêtres et décoré par des pilastres composites dans l'alignement des colonnes.
Renaissance, classicisme, néoclassicisme... : L'Antiquité a fortement influencé les époques postérieures. C'est pourquoi les architectes des périodes stylistiques de la Renaissance, classicisme (XVIIe siècle), néoclassicisme (XVIIIe - XIXe siècle) réutilisent les ordres gréco-romains et s'en inspirent pour concevoir des bâtiments privés ou publics aux allures de temples antiques :  - Façade pour une résidence d'été : portique de 4 colonnes toscanes, architrave dorique comportant une frise de métopes et de triglyphes, surmontée d'un fronton triangulaire sans décor - concue par Andréa Palladio [1508-1580] - in 4e section du livre Les quatre Livres de l'architecture - 1570 (Renaissance) ;
- Panthéon de Paris (à l'origine église montagne Sainte-Geneviève, Paris 5e) : portique de 6 colonnes d'ordre composite et surmonté d'un fronton sculpté en haut relief - réalisé entre 1758 et 1790 par Jacques-Germain soufflot [1713-1780] - (néoclassicisme) ;
- Pavillon carré Baudouin, Paris 20e : de lignes épurés et une ornementation minimale, cette folie de style palladien
comporte un portique de 4 colonnes sur piédestal, à chapiteaux d'ordre ionique, fûts lisses ; l'architrave et fronton triangulaire non sculptés avec seulement une rangée de denticules sous la corniche - réalisé vers 1770 par Pierre-Louis Moreau-Desproux - (néoclassicisme) ; - Palais Brongniart - bourse de Paris (2e) : bâtiment public commandé par Napoléon 1er, construit selon le style classique officiel, comprenant un péristyle corinthien - 1807 - réalisé par Pierre Brongniart (néoclassicisme).
Plus tard, l'éclectisme (XIXe siècle) va reprendre également dans ses constructions des éléments classiques mais en les mélangeant à des emprunts d'autres périodes : - Opéra de Paris (9e) de Charles Garnier - 1875 - (éclectisme) : dans ce bâtiment on retrouve l'utilisation des éléments classiques comme l'utilisation de la colonnes aux chapiteaux d'ordre corinthien, de l'architrave, frise et attique sculptés de bas et hauts reliefs.
À la Renaissance et aux périodes classiques (du XVIIe au XIXe siècle) on voit l'utilisation de nouveaux ordres. Ils sont issus ou dérivés des ordres antiques : - L'ordre salomonique, apparût vers 1550, se répand dans les architectures baroques. Les colonnes salomoniques présentent des fûts torses (fût contourné en hélice). Ce type de colonnes peuvent être lisses, cannelées ou ornées de bas-reliefs. Le nom salomonique fait référence au Temple de Salomon (Jérusalem. 1er temple juif. Xe siècle av. J.-C.). Elles ont été représentées dans de nombreuses enluminures du Moyen Âge, les dessins et les gravures de la Renaissance. Les colonnes de la crypte de la basilique saint-Pierre de Rome auraient été issues de ce temple (cf. Louis Réau dans son Dictionnaire illustré d'art et d'archéologie). En fait, elles datent en fait du IIe siècle ap. J.-C. et proviennent de Grèce. Ces colonnes ont été réutilisées lors de la reconstruction de la basilique Saint-Pierre de Rome : deux d'entre-elles ont été placées sur le retable de Saint-François dans la chapelle du Saint-Sacrement ; la troisième, appelé la Colonna santa, est placée dans la chapelle de la Piéta ; huit autres colonnes ont été placées par Bernin
(architecte italien baroque, 1598-1680) comme piliers qui soutiennent le dôme. Elles ont inspiré Le Bernin dans la construction de son grand baldaquin surmontant l'autel de la basilique Saint-Pierre, entre 1624-1633.
   
- L'ordre colossal apparût dès le XVe siècle, se généralise au milieu du XVIe siècle : les colonnes se développent sur plusieurs étages d'un bâtiment et qui reprennent les caractéristiques ornementales gréco-romaines.
 
Les ordres architecturaux floraux Il existe aussi des ordres floraux qui s'inspirent des végétaux. On les retrouve dans l'architecture antique égyptienne et assyrienne. Le motif végétal sera repris chez les Grecs dans l'ordre corinthien. Antiquité égyptienne : Les principaux ornements de l'architecture antique égyptienne s'inspirent de végétaux tel le lotus, le papyrus ou le palmier : - ordre palmiforme (ancien empire égyptien): chapiteau comprenant 9 feuilles de palmier, colonne à fût lisse et base simple ;
- ordre lotiforme (ancien empire égyptien) : en forme de lotus fermé ;
- ordre papyriforme (moyen empire) : ornements du chapiteau de tiges ligaturées de papyrus se prolongeant sur le fût de la colonne ;
- ordre campaniforme (moyen empire) : chapiteau évasé recouvert de bas-reliefs en forme de papyrus ouvert.
Sources :Livres : [Vocabulaire illustré de l'ornement par le décor de l'architecture et des autres arts de THOMAS Évelyne. (2012). éd. Eyrolles] [3 minutes pour comprendre les 50 plus grands principes et styles en architecture d'Edward Denison. (2013) éd. Le Courrier du Livre] [Grammaire de l'architecture, sous la direction d'Émile Cole. (2003) éd. Larousse - Dessain et Tolra] Sites :Glossaires en ligne :Vocabulaire historique grec (le jargon des historiens et des archéologues de A à Z) sur le site Grectel : <http://francoib.chez-alice.fr/vocahist/index.htm>Lexique dans rubrique, Les sept merveilles du mondes, dossier, Le temple d'Artémis à Éphèse (Ionie), sur CNDP - musagora, espace d'archives : < http://www.cndp.fr/archive-musagora/merveilles/merveillesfr/temple-artemis/lexique.html#a>Dictionnaire d'architecture sur Normannia (site personnel de Stéphane William Gondoin) : <http://www.normannia.fr/dictionnaire-architecture/> Infos supplémentaires sur : colonnes salomoniques : site Bibliothèque municipale de Lyon, Le guichet du savoir : <http://www.guichetdusavoir.org/viewtopic.php?t=43185
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